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J’ai toujours eu hâte de devenir maman

J’ai toujours eu hâte de devenir maman

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J’ai toujours eu hâte de devenir maman. Dès qu’un petit bébé se pointait le bout du nez dans ma famille, j’en étais fascinée. J’adorais l’observer et m’imaginer quel genre de maman j’aimerais devenir plus tard. En vieillissant, j’ai commencé à avoir peur pour ma fertilité. J'espérais de tout cœur que mon corps allait me permettre de concrétiser ce que j’attendais depuis tant d'années, jusqu'au moment où je me suis mise à avoir des jours de retard dans mes règles. Je n’en ai pas fait de cas. Ce n’était pas la première fois, considérant que je suis assez irrégulière. On va faire un test pour se libérer la tête et on n’y pensera plus. 
Quand j’ai vu la deuxième petite ligne sur le bâton, mon cœur a stoppé. J’ai paniqué. J’étais en arrêt de travail maladie et je ne m’étais jamais sentie aussi perdue dans ma vie. J’avais imaginé ma réaction au moins mille fois, mais jamais je ne m'étais vue anxieuse et, encore moins, pleurer des larmes autres que de joie. Finalement, mon chum et moi, on s’est dit que c’était la vie qui nous disait qu’il était temps. J’étais consciente de ma chance et je ne voulais surtout pas la perdre. Comme toute bonne anxieuse, j’essayais de me convaincre que j’étais zen avec ma grossesse et que j’arrivais à lâcher prise alors que, dans un coin de ma tête, je comptais les dodos pour que le fameux « quinze semaines » arrive au plus vite. Puis, un après-midi, j’ai eu mal et j’ai vu rouge. 

On entend souvent dire de ne pas se faire d’attentes avant quinze semaines et que ça arrive à une femme sur cinq de perdre son bébé. C’est bien beau de connaître les faits, mais ça ne te prépare jamais, ni ne diminue la douleur que tu peux vivre, quand non seulement tu perds le petit être que ton corps avait si bien commencé à construire, mais que tu perds tous les rêves et les projets que tu avais déjà en tête. 

Pour moi, ce ne sera jamais une « fausse couche », parce qu’il n’y a rien de faux là-dedans. Mon bébé, mon bedon qui allait s’arrondir, mon futur rôle de maman et le début de ma petite famille étaient déjà si vrais. Le deuil périnatal est un deuil bien différent, parce qu’on perd une vie qu’on s’était imaginé, des projets qu’on avait déjà en tête et un rôle dans lequel on se visualisait. On doit renoncer à ce que notre vie aurait pu être, au lieu de perdre ce qu’on a déjà eu. 

Pour moi, ce qui m’a été le plus précieux durant cette tempête, c’est le fait que  mes proches ont respecté mon rythme. Si tu ne sais pas comment être présent pour quelqu’un qui traverse la perte d’un bébé, le meilleur conseil que je pourrais te donner est de prendre conscience de ton propre malaise et de demander comment tu peux aider. Si même elle ne le sait pas, dis-lui que tu l'aimes, que tu es là et que tu suivras son rythme. Amène-lui à manger, sors-la prendre une marche, écoute-la, valide-la, laisse-la avoir mal sans chercher à changer l’émotion, fais confiance à ce que tu connais d’elle et ce qui pourrait lui apporter du doux. Un des plus beaux baumes est de se sentir aimée. Et à toi, qui traverses cette tempête en ce moment, ou qui l’a vécue dans le passé, sache que ton histoire est valide. Ta souffrance a sa place et tu as le droit d’en parler, que ça fasse une heure, une semaine ou un an que tu as perdu ton bébé. Ça fait mal. Je te vois et je te souhaite de trouver de la douceur après la tempête. 

 

 

Par Elizabeth Maziade

 

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